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Entreprises familiales, les pionnières du capitalisme ?

Si l’entreprise familiale est la forme d’entreprise la plus répandue dans l’histoire, c’est seulement récemment que le monde a commencé à en reconnaître l’importance et la spécificité. Cette organisation « naturelle » fait partie des plus anciennes et elle a su s’épanouir et démontrer ses grandes qualités à travers le temps. Dans le paysage capitalistique mondial, petites et grandes, les entreprises familiales sont encore nombreuses et constituent même la majeure partie du PIB de toutes les économies du marché. Jusqu’à récemment, elles ont su aussi démontrer leur capacité de partir à la conquête des grands espaces, en acquérant, au passage, des succès d’envergure internationale.

Aux origines des entreprises familiales

Comme on s’en doute, l’origine des premières entreprises familiales remonte à extrêmement loin dans l’histoire. D’une certaine façon, elles ont sans doute existé depuis des temps immémoriaux, vu que même au sein des organisations tribales primitives, la famille est souvent demeurée un noyau fort : sinon un des premiers mode de regroupement et d’organisation, au moins un mode de transmission d’une activité professionnelle. Dans les sociétés sédentarisées de la proto-histoire qui privilégieront l’agriculture (besoin fort en main d’oeuvre) ou même l’élevage, la famille en tant que structure de maintien et de perpétuation d’une activité professionnelle allait avoir un rôle immense à jouer. Celui-ci durerait dans le monde agricole, jusque, avant la mécanisation de l’agriculture. La famille transmet le patrimoine agricole et avec lui l’obligation de son maintien. Hors de ce monde là et pour venir à des faits plus précisément datés, nous citerons ici, des entreprises familiales historiques qui ont su acquérir de la renommée et qui sont encore en activité.

Une entreprise familiale vieille de 1400 ans

Selon les études menées jusqu’en 2006, la plus vieille des entreprises familiales jamais connues, encore en activité, est l’hôtel Hoshi Ryokan, fondé en 717. Cette auberge traditionnelle japonaise, se transmet de famille en famille et en est à sa 46èmegénération en 2016. Mais l’année 2006 a révélé une entreprise encore plus ancienne, qui est Kongō Gumi basée à Osaka, au Japon. Il s’agit d’une société spécialisée dans la construction de temples bouddhistes qui remonterait à l’an 578. Le titre lui revient de droit avec ses 1 400 années d’existence même si l’entreprise a fini par être rachetée par le grand groupe Takamatsu Corporation. En Europe aussi, il y a eu de nombreuses anciennes entreprises, à l’exemple de la société italienne Beretta créé en 1526. Elle appartient toujours à la même famille depuis le XVIème siècle.

Le réveil des entreprises familiales

C’est assez récent. Recherches, ouvrages, journaux et centres universitaires commencent à s’intéresser sérieusement au sujet des entreprises familiales. D’un point de vue officiel, le capitalisme familial a longtemps eu mauvaise réputation. Selon les idées reçues, l’entreprise familiale ne faisait pas le poids face aux entreprises modernes. Ce « capitalisme à la papa » comme on l’a aussi appelé parfois, de manière gentiment méprisante, était aussi considéré comme trop conservateur, routinier, ronronnant. Pas assez agressif au goût d’un certain marché. On le soupçonnait de délaisser la croissance au profit de la petite économie familiale : tenir la famille et la perpétuer ? Un manque de grandeur, une vue étroite, un peu artisanale, un peu « petit bourgeois » même du capitalisme. On n’en donnait alors pas cher. Pour peu, on en était même venu à se persuader que l’entreprise familiale serait condamnée tôt ou tard à disparaître. Et pourtant, il n’en a rien été. Mieux même elles sont les plus nombreuses et leurs performances sont bien supérieures à celles des entreprises managériales. Comment comprendre ce succès ?

Les clés de leur succès et les secrets de leur pérennité

Leur secret se trouve au sein même de leur organisation : la famille. Plus qu’un cadre, c’est un ciment et une raison de tenir et de se projeter dans le futur. Avec elle, on se serre les coudes et on ne quitte pas le bateau en pleine déroute. Crise, guerre, conflit interne, évolution de la clientèle et des techniques… Pas question de lâcher la barre. On perdrait tout : le sens, le passé, l’avenir, le rêve pour ceux qui viendront. C’est un facteur d’explication qu’on avait sans doute sous-estimé. Mieux même, cette ténacité face aux situations difficiles, cette façon de durer est d’être encore là, plaît grandement aux consommateurs. Durer, s’accrocher, c’est d’ailleurs un gage de qualité auprès des acheteurs. Peut être aussi que dans ce monde où on aime tellement les histoires, l’entreprise familiale en a toujours une à raconter et les gens aiment cela aussi.

Beaucoup d’entreprises familiales françaises et dans le monde ont traversé les pires situations et sont toujours présentes sur le marché pour en témoigner. On pense à l’exemple de Chez Mellerio dits Meller, qui, malgré les difficultés, est encore là pour fêter plus de 400 ans d’histoire et à tant d’autres encore. On pense aussi à la pression de ceux qui ont en reprenant la charge, ont hérité quelquefois de situations délicates avec tout le poids écrasant de la responsabilité. Une entreprise familiale cela peut être aussi de nombreuses générations qui vous passent le flambeau et tout le poids de leurs longues années de travail. Cela vous porte et vous élève autant que la responsabilité peut, parfois, vous écraser, mais il faudra pourtant se charger de tout cela pour porter encore plus loin le projet, pour lui donner de nouveaux souffles.

Alors, bien sûr, tout cela ne suffit pas, il ne suffit pas qu’il y est la famille comme horizon et comme soutien, ni d’être opiniâtre pour traverser de longues années avec une entreprise. Il faut aussi sentir le vent de la modernité souffler, avoir l’intuition des changements, l’audace de l’innovation. En un mot, il faut avoir toutes les qualités d’un vrai chef d’entreprise. Dans nos pages, nous aurons l’occasion de saluer le succès éclatant de nombre d’entre eux et, avec eux de grandes entreprises familiales et de moins grandes, mais toujours de prestige.